i. Des thématiques nationales déclinées en région
1. Transition agroécologique dans les territoires
Activité incontournable pour subvenir aux besoins alimentaires des populations, l'agriculture contribue également à la dégradation de l'environnement (climat, biodiversité). Elle peut aussi être un levier puissant pour relever des défis multiples et interdépendants. Tel est l'enjeu de l'agroécologie, dont la mise en œuvre repose d'abord sur une agriculture biodiversifiée aux échelles de la ferme et des territoires. Son développement nécessite une transition dans la mesure où les systèmes actuels sont souvent très spécialisés. Cette transition est complexe à mettre en œuvre car les pratiques permettant de fournir des services à l'agriculture et à la société sont très dépendantes du contexte. C'est pourquoi la transition se conçoit dans les territoires.
2. Durabilité des systèmes alimentaires territorialisés
Les régions sont devenues des espaces de redéploiement, de mise en débat, de gouvernance et d’observation des systèmes alimentaires. Qu’il s’agisse de circuits courts, de filières de qualité, de chaines agroindustrielles, de circuits approvisionnant les villes ou les espaces ruraux… les systèmes alimentaires sont en effet questionnés au regard de leurs effets sur le développement durable et la sécurité alimentaire des territoires, mais aussi dans leurs capacités à innover et à coexister à une échelle régionale. La crise de la Covid19 a renforcé les besoins de connaissance et d’évaluation partagées sur ces systèmes alimentaires en intégrant de nouvelles questions sur leur résilience, connectivités et gouvernance entre des échelles locales et régionale.
3. Bioéconomie, économie circulaire et transition énergétique
Les territoires doivent aujourd’hui opérer des changements profonds pour répondre de manière conjointe aux enjeux environnementaux, économiques et sociaux. L’économie circulaire et la bioéconomie – entendue comme une valorisation non-alimentaire de la biomasse – apparaissent comme des voies pour soutenir ces transitions. Si la bioéconomie se déclinent déjà concrètement dans les territoires, notamment sous l’impulsion des stratégies européennes, nationales et régionales, des recherches sont nécessaires pour sortir des démarches expérimentales ou de niches. Elles le sont également pour développer une bioéconomie durable, circulaire et ancrée dans les territoires. Les systèmes de productions agricoles et forestiers sont en première ligne pour répondre aux besoins de la bioéconomie. L’utilisation de biomasse comme matière première pour une large gamme de transformation, notamment énergétique, impose de repenser les systèmes industriels.
4. Gestion durable des ressources, biodiversité et adaptation des écosystèmes au changement climatique
Les écosystèmes naturels, forestiers et agricoles sont confrontés à des changements globaux (changement climatique, raréfaction des énergies fossiles, etc.), à des chocs (crises sanitaires, occurrence de nouveaux ravageurs, etc.) très difficiles à anticiper et à des aléas (sécheresses, chutes de prix, etc.) mieux connus mais non sans impacts. En parallèle, une partie croissante de la société exprime une demande pour une gestion plus durable des ressources naturelles : air, sol, eau, biodiversité, énergies fossiles. Ces éléments de contexte invitent à reconsidérer les écosystèmes naturels, forestiers et agricoles et leurs modes de gestion. Ainsi, il convient de produire des connaissances et méthodes pour et sur des écosystèmes naturels, forestiers et agricoles résilients aux changements globaux, aux chocs et aux aléas, sobres et efficients dans l’utilisation des ressources naturelles et non renouvelables, favorisant le recyclage et/ou la conservation de ces dernières.
5. Dynamiques territoriales
Les dynamiques territoriales sont caractérisées par des mutations structurelles progressives des tissus sociaux et économiques, mais aussi par des moments de rupture qui viennent impacter les modèles dominants et questionner leur résilience. La période actuelle combine ces deux dimensions où s’articulent un mouvement de long terme en faveur de l’urbanisation des populations et des activités, l’exigence de transition des modèles vers davantage de durabilité et circularité, et les effets de crises sanitaires, sociales et économiques susceptibles de marquer en profondeur les territoires mais aussi les opportunités d’innovation.
Ces mutations témoignent d’évolution des modèles productifs et de processus d’innovation qui impactent le déploiement spatial des activités et leur ancrage territorial. Les critères d’attractivité des territoires se voient ainsi redéfinis à l’aune des attentes nouvelles et différenciées des populations et des entreprises, contribuant à établir des orientations nouvelles des stratégies de développement des territoires. Ces éléments interrogent également les limites d’un paradigme dominant fondé sur la prévalence du référentiel métropolitain au détriment des spécificités des villes moyennes et petites et des territoires ruraux, et de leurs potentialités pour proposer des modèles complémentaires voire alternatifs à ceux des grandes villes. Au-delà, il s’agit de considérer le renouvellement des interdépendances rural-urbain et de mieux comprendre la nature des dynamiques périurbaines.
6. Innovation dans les filières et les territoires en contexte de transition
Les systèmes de production et de consommation sont étroitement liés. La transition agroécologique et nutritionnelle des systèmes agricoles et alimentaires requiert à la fois l’émergence de nouvelles filières et la reconception des filières existantes. Elle pose également la question des formes de coexistence et d’interactions entre les filières dans un territoire. Ceci suppose de s’intéresser aux dispositifs qui favorisent leur émergence et qui accompagnent leur développement et, plus particulièrement, à ces ensembles d’innovations couplées entre différents maillons des filières qui mobilisent à la fois des innovations technologiques, organisationnelles, de produits, de commercialisation, des innovations sociales mais aussi d’innovations dites de « business » visant à créer de nouvelles façons de générer de la valeur ajoutée dans les filières. Elle ouvre de nouveaux fronts de recherche sur les changements à l’œuvre dans les modes de coordination localisés des acteurs et sur le rôle du numérique dans les modes de diffusion des connaissances et des ressources. Elle interroge également les formes d’implication des usagers et la prise en compte de la diversité de leurs contributions et attentes dans les processus d’innovation.
7. Evolution des politiques publiques et action collective pour accompagner la transition dans les territoires
L’inscription des politiques publiques dans une perspective d’accompagnement de la transition souligne le besoin de mieux considérer la nature des biens publics et communs en jeu dans les transitions agricoles, alimentaires et environnementales. Elle réclame une articulation accrue au sein des territoires entre les politiques publiques territoriales et sectorielles. Elle appelle à reconsidérer les orientations et outils d’intervention des politiques en matière d’agriculture, d’alimentation et d’environnement, mais aussi sur le plan de l’aménagement et du développement rural.
Les formes d’implication des acteurs territoriaux et de la société civile dans la construction et la mise en œuvre des dispositifs d’intervention tendent à se répandre. Elles définissent des combinaisons entre politiques publiques et action collective au sein de dispositifs innovants. De même, le déploiement des stratégies de transition sur les territoires pose la question de l’évolution des relations d’interdépendance entre territoires ruraux et urbains, et des formes d’intervention publique intégrant les enjeux de cohésion aux différentes échelles territoriales.
L’accompagnement de ces transitions suppose donc la mise en œuvre de recherches interdisciplinaires permettant de comprendre les mécanismes biologiques, techniques ou sociaux, nécessaires à la production de ces biens communs afin d’analyser les fondements et les effets des divers types de politiques publiques, puis proposer des instruments d’intervention pertinents et efficaces en regard des objectifs de transition.
Chacune des régions a décliné les thématiques nationales en thématiques prioritaires régionales.
ii. Calendrier
2020 : Consultation des régions via les Centres INRAE : quelles priorités ? quels grands enjeux ?
- Regroupements des thématiques et avis d’experts
- Cadrage national de l’appel à projet
2021 : Identification des enjeux régionaux & co-construction des projets
- Déclinaison régionale de l’appel à projet et appel à manifestation d’intérêt selon les contraintes de chaque région
- Co-construction des projets finaux
2022 : Dépôt, sélection et démarrage des projets
Mars 2022 – soumission de projets
- Sélection des projets par le Conseil Scientifique national de TETRAE
- Validation par les Comités de Pilotage régionaux
Septembre 2022 – Démarrage des projets
Début 2023 – Ecole Chercheurs/Partenaires
- Premier bilan sur le lancement opérationnel des projets et leurs formes d'organisation
- Réflexion sur la recherche en partenariat et l’innovation ouverte
- Création d'une culture de l'impact, avancées sur le caractère transformatif de la recherche
- Echanges inter-projets, construction des transversalités et interconnaissances